Le plan de circulation : un levier pour apaiser la ville et favoriser les mobilités actives

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Résumé

Face aux enjeux croissants de congestion urbaine, de pollution et de sécurité routière, de nombreuses villes françaises et européennes repensent leur organisation urbaine. Parmi les outils à leur disposition, le plan de circulation est une solution efficace, rapide à mettre en œuvre et relativement économique pour contribuer au développement des mobilités actives.

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Qu’est-ce qu’un plan de circulation ?

Le plan de circulation est un outil de planification urbaine qui définit l’organisation de l’ensemble des circulations sur un territoire donné. Ce n’est pas un concept nouveau : les plans de circulation existent depuis les années 1950. Mais leurs objectifs ont évolué.

Dans les années d’après-guerre, les plans de circulation visaient principalement à fluidifier le trafic automobile et à faciliter la circulation des véhicules motorisés. Aujourd’hui, ils sont repensés pour inverser cette logique : mettre les piétons et les cyclistes au cœur de l’organisation urbaine, tout en garantissant l’accessibilité pour les personnes qui ont réellement besoin d’utiliser un véhicule motorisé.

Aujourd’hui, les plans de circulation visent à organiser les déplacements en hiérarchisant les voiries selon les usages : piétons, cyclistes, véhicules motorisés légers et transports collectifs ou poids lourds. Cette approche permet de construire un réseau cohérent, où chaque mode de transport dispose d’un espace adapté à ses besoins.

Comment fonctionne un plan de circulation favorable aux mobilités actives ?

Pour rendre une ville ou un quartier plus agréable et accessible pour toute·s les usager·es, un plan de circulation favorable aux mobilités actives agit sur deux aspects :

  • La limitation de la vitesse : c’est une première étape essentielle, mais ce n’est pas toujours suffisant. Si le volume de véhicules reste important, la rue continue d’être difficile à traverser et peu propice aux déplacements à pied ou à vélo.
  • La réduction des flux de véhicules motorisés : c’est une des clés pour redéfinir les hiérarchies de voirie et favoriser les modes actifs dans la ville.

La mise en œuvre repose généralement sur les principes suivants :

  • Hiérarchisation des voiries : identification des axes structurants qui ont la capacité de porter une circulation motorisée plus élevée. Sur ces axes, les piétons et les vélos bénéficient d’aménagements séparés de la circulation.
  • Création de zones apaisées : identification de secteurs où l’on souhaite redonner la place à la déambulation, à la vie de quartier et aux liens sociaux. Dans ces zones, les cyclistes peuvent éventuellement cohabiter avec les automobilistes sur la chaussée.
  • Suppression du trafic de transit dans les quartiers : il s’agit d’empêcher les véhicules motorisés de traverser un quartier sans s’y arrêter, tout en conservant des itinéraires directs pour les piétons et les cyclistes.

Ces principes sont mis en œuvre grâce à des outils simples : sens uniques, interdictions de tourner, piétonnisation, zones de rencontres, et filtres modaux qui empêchent le passage des véhicules motorisés tout en permettant aux piétons et cyclistes de circuler.

Groningen : le modèle pionnier qui a fait des émules

Le premier plan de circulation à mettre les piétons au cœur de la planification urbaine date de 1977, à Groningen aux Pays-Bas. La ville a été divisée en quatre grands « pétales » ou secteurs. Entre ces pétales, les voiries restaient accessibles à tous les véhicules dans toutes les directions. Mais au sein de chaque pétale, les véhicules motorisés continuaient à avoir accès aux voiries sans pouvoir traverser d’un pétale à l’autre. Les piétons et cyclistes, eux, pouvaient traverser librement. 

Ce modèle, très contesté à l’époque, a fait des émules dans le monde entier. Aujourd’hui, Groningen affiche l’une des parts modales vélo les plus élevées au monde : près de 50% des déplacements s’y font à vélo.

Des exemples inspirants en France et en Belgique

L’ADMA a réalisé plusieurs fiches ressources détaillées sur des plans de circulation en France et en Belgique. Ces documents, accessibles dans la section ressources du site de l’ADMA, présentent des cas concrets d’implémentation et analysent leurs points forts, leurs résultats et leurs méthodes de mise en œuvre. Voici quelques exemples inspirants tirés de ces fiches :

Gand en Belgique a suivi le modèle de Groningen en divisant son centre-ville en six zones « étanches » aux véhicules motorisés mais perméables aux modes actifs. Les résultats montrent l’efficacité de cette démarche : +25 % de cyclistes, -12 % de trafic automobile en heure de pointe, -58 % d’automobiles dans les quartiers résidentiels, et une amélioration significative de la qualité de l’air avec -18 % d’émissions de CO2.

Annecy a adopté une logique en « pétales » avec 30 secteurs qui seront traités successivement. Parmi les points forts de cette démarche : la coordination avec les fournisseurs de données GPS pour que les applications de navigation reflètent fidèlement le nouveau plan dès le jour de sa mise en œuvre, et une forte présence d’agent·es sur le terrain pour accompagner les usager·es.

Montreuil en Seine-Saint-Denis a utilisé les méthodes de l’expérimentation urbaine (urbanisme tactique) pour revoir le plan de circulation dans le quartier Solidarité-Carnot, en collaboration avec la ville de Vincennes. Les aménagements ont été modifiés au fur et à mesure selon les retours des usager·es, et des filtres modaux ont permis de transformer plusieurs intersections en lieux de rencontre agréables, équipés de bancs et pensés pour favoriser la convivialité.

Clermont Auvergne Métropole a choisi une approche opportuniste, en profitant du déploiement d’un réseau de bus à haut niveau de service pour adapter progressivement son plan de circulation. Cette méthode permet d’intervenir rapidement, sans labelliser explicitement les changements comme un « plan de circulation », limitant ainsi les oppositions au projet.

Les bénéfices concrets des plans de circulation

Les différentes initiatives démontrent les multiples avantages des plans de circulation favorables aux mobilités actives :

  • Réduction significative du trafic motorisé dans les quartiers résidentiels (jusqu’à -92 % à Montreuil dans les rues résidentielles les plus impactées)
  • Amélioration de la qualité de l’air et réduction des nuisances sonores
  • Augmentation de l’usage du vélo et de la marche
  • Création d’espaces publics de qualité où la vie locale peut s’épanouir
  • Amélioration de la sécurité routière et du sentiment de sécurité
  • Meilleure accessibilité pour toutes et tous, y compris les personnes à mobilité réduite

Le plan de circulation est ainsi un outil puissant pour transformer les villes et les rendre plus favorables aux mobilités actives. Pour approfondir le sujet et acquérir les compétences nécessaires à la mise en œuvre de plans de circulation favorables aux mobilités actives, l’ADMA propose des formations et ateliers dédiés au sein du parcours « Apaiser et requalifier l’espace public« . 

Une série de quatre ateliers, accessibles gratuitement aux apprenant·es, permet également d’acquérir les méthodes, outils et solutions utiles à la mise en œuvre d’actions concrètes pour la mobilité piétonne.

lundi 15 décembre de 14h à 17h

lundi 12 janvier de 14h à 17h

lundi 26 janvier de 14h à 17h

lundi 9 février de 14h à 17h

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