D’après le dernier bilan d’accidentalité de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), un quart des accidents ont lieu à des intersections. Ces chiffres soulignent l’urgence d’agir pour protéger les usagers et usagères les plus vulnérables de la route, en particulier les cyclistes.
Face à ces enjeux, il est essentiel de penser l’aménagement des carrefours pour assurer une meilleure cohabitation et réduire significativement les risques d’accidents.
Des carrefours à îlots amandes pour réduire les conflits
Pourtant, des solutions existent pour rendre ces zones plus sûres et confortables. L’aménagement de carrefours à « îlots amandes » en est un bon exemple. Déjà répandu aux Pays-Bas, il repose sur quelques principes simples :
- des pistes cyclables continues et visibles, à niveau de chaussée, clairement matérialisées par des figurines vélo et (si possible) un revêtement coloré, pour renforcer la lisibilité des trajectoires,
- des îlots de protection en forme d’amande, qui séparent les cyclistes de la circulation automobile, imposent aux véhicules motorisés de céder le passage aux cyclistes et aux piétons en sortie de carrefour et offrent un espace de stockage avancé pour les cyclistes en avant des feux.
Cet aménagement permet de réduire les conflits, de rendre les cyclistes plus visibles et de leur donner plus d’espace et de priorité. Il peut s’adapter à de nombreuses configurations, en croix ou en T, en agglomération ou hors agglomération.
Pour mieux comprendre le fonctionnement et les bénéfices de ce type de carrefour, visionnez ci-dessous notre vidéo explicative réalisée en collaboration avec le Cerema.
Le cas particulier des carrefours giratoires
Les giratoires sont des aménagements fréquemment rencontrés aux intersections. S’ils permettent de fluidifier la circulation automobile, leur franchissement peut s’avérer délicat pour les cyclistes.
Différents aménagements sont possibles selon la configuration :
- pour les giratoires de très grand diamètre, une piste cyclable contournant l’anneau par l’extérieur et indépendante de la circulation automobile est recommandée. Cela permet au cycliste d’éviter les conflits avec le trafic motorisé dans le giratoire.
- pour les giratoires plus compacts, un positionnement central du cycliste dans l’anneau est préconisé, lorsque la largeur de ce dernier ne permet pas un dépassement aisé. Cette position améliore la visibilité réciproque entre cyclistes et conducteurs et limite les risques de cisaillement en sortie. Pour encourager ce positionnement, un marquage au sol avec une figurine vélo peut être réalisé. Celui-ci légitime la place centrale du cycliste et l’incite à s’éloigner du bord droit.
De manière générale, la configuration d’un carrefour giratoire doit être finement étudiée au cas par cas pour aboutir à un partage apaisé de ces intersections entre tous les usagers.
Principes généraux d’aménagement des intersections
Pour mieux comprendre ces enjeux de sécurité, il est intéressant de noter que si, en agglomération, un tiers des accidents ont lieu dans une intersection, hors agglomération ce sont 8 accidents sur 10 qui surviennent hors intersection. Ces spécificités soulignent l’importance d’une approche différenciée selon les territoires.
Au-delà de l’exemple des carrefours à îlots amande et des carrefours giratoires, quelques principes généraux permettent d’améliorer la sécurité des cyclistes aux intersections :
- assurer une bonne visibilité réciproque entre cyclistes et conducteurs, en dégageant les angles morts,
- matérialiser clairement les trajectoires et les zones d’attente des cyclistes avec un revêtement coloré,
- donner la priorité aux mouvements les plus directs et fréquents des cyclistes,
- séparer les voies de circulation en cas de flux et/ou de vitesses importantes autorisées pour les véhicules motorisées.
Plus largement, les collectivités doivent mener une réflexion à l’échelle de leur réseau via des plans de circulation définissant une hiérarchie des voies selon les usages, notamment en milieu rural. L’objectif est d’offrir aux cyclistes des itinéraires sûrs, continus et lisibles pour relier les principaux pôles générateurs de déplacements. Pour en savoir plus sur cette approche, consultez la note de la FUB sur la sécurité des cyclistes en milieu rural.
Former les acteurs pour changer d’échelle
Chaque territoire présente des spécificités dont il faut tenir compte dans la conception des aménagements cyclables. C’est pourquoi il est essentiel que tous les acteurs impliqués dans ces projets, des élus·e aux bureaux d’études en passant par les services techniques et les associations d’usagers·ères ou collectifs d’habitant·es, puissent se former aux enjeux de sécurité routière pour les mobilités actives.
L’objectif est d’acquérir une vision complète de la problématique, en croisant les approches réglementaires, techniques et comportementales, pour pouvoir proposer des solutions adaptées à chaque contexte territorial.
C’est tout le sens de notre parcours de formation « Aménager des voiries cyclables et marchables« . Ce parcours complet vous permet d’approfondir vos connaissances pour :
- choisir les types d’aménagements les plus adaptés selon les contextes,
- connaître les principes et détails de conception d’infrastructures sécurisées,
- mettre en œuvre des projets partenariaux sur votre territoire.
Notre prochaine formation « Connaître les principes et détails de conception d’une voirie cyclable et marchable » aura lieu les 14 et 15 octobre 2025. Consultez la page dédiée à notre parcours de formations pour en savoir plus et vous inscrire.
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